Google est un mastodonte de la Silicon Valley que l’on ne présente plus, c’est l’une des entreprises les plus valorisée du monde. Ce qui était un simple moteur de recherche est devenu un bouquet de service utilisé partout. D’ailleurs Google n’est plus qu’une filiale du groupe Alphabet, qui regroupe toutes ses activités.
La firme a déployé son slogan “don’t be evil” à travers le monde, au total, c’est plus de 200 000 employés répartie sur tous les continents, y compris à Paris et ailleurs en France. Alors quand une crise mondiale survient, c’est vers une société comme elle que l’on se tourne.
Le déclencheur Covid
Avant le Covid-19, la politique de télétravail de Google était assez restrictive pour une entreprise de la Tech. Elle permettait de manière occasionnelle à ses employés de faire du travail à domicile, mais comme les autres elle mettait en place des mesures non contraignantes qui incitaient les employés à passer toujours plus de temps au bureau (nourriture gratuite, etc.).
Pourtant, durant la crise du Covid-19 elle a été la première à prendre des mesures drastiques concernant la venue au bureau de ses employés.
Dès avril 2020, l’entreprise de Montain View annonçait que le télétravail était obligatoire pour toutes ses équipes jusqu’au 1er juin, et s’en suivrait un retour échelonné.
En mai 2020, elle revenait sur sa décision en imposant à la totalité de ses employés de rester à la maison jusqu’à la fin de l’année 2021. Elle laissait la possibilité de revenir dans les bureaux dans des conditions drastiques et pour une toute petite minorité d’employés.
En juillet 2020, la crise du covid-19 est toujours là, Google annonce que ses employés vont rester en télétravail jusqu’au 30 juin 2021, mais en assouplissant la possibilité de revenir au bureau pour ceux qui le souhaitent. Evidemment, tous les événements organisés dans l’enceinte des locaux ont été annulés.
Avec cette décision long-termiste, Sundar Pichai, le PDG de Google, donne ainsi la possibilité à chacun de ses employés de s’organiser en avance pour préparer l’année qui arrive et faire face à ce nouveau mode de vie.
Pas de plan de mobilité
Google a ainsi totalement adapté sa façon de venir au bureau, en permettant jusqu’à 30% d’occupation de ses bâtiments, sur un système de roulement. Ceux dont la présence est absolument nécessaire ou qui en ont besoin pour leur équilibre, pouvaient revenir.
Contrairement à Facebook qui a largement communiqué sur la mise en place de ce télétravail et la possibilité pour ses employés d’aller travailler partout dans le monde, Google n’a pas vraiment rendu le sujet public.
Pourtant, avec un grand nombre de ses salariés dans la Silicon Valley, qui compte les loyers les plus élevés des Etats-Unis, il y a fort à parier que l’entreprise procédera à un ajustement des salaires de ses cadres de la tech qui vont vivre dans des lieux plus accessibles
Cependant, Google a annoncé en même temps que son prolongement annuel de télétravail, qu’elle octroie à tous ses employés un chèque de 1000 dollars (ou équivalent local) pour acheter l’équipement nécessaire à l’aménagement en ergonomie de l’espace de télétravail .
La productivité en télétravail, le dada de Google
Et si Google ne compte pas, c’est que ce qui l’importe le plus, c’est bien la productivité de ses salariés recrutés à prix d’or. C’est pour cela que dès le télétravail de crise mis en place, la firme de Moutain View a lancé un grand sondage auprès de 5 000 de ses collaborateurs, associés à des enquêtes qualitatives.
Grâce à toutes ces données, elle pouvait ainsi mieux comprendre les forces qui étaient à l’oeuvre et nous faire découvrir à tous le moteur du télétravail : l’intelligence émotionnelle. C’est la capacité à identifier, comprendre et gérer les émotions.
De ces groupes de discussions qui ont réuni des centaines de Googlers sont sorties quatre grandes thématiques qui permettent de mieux comprendre l’impact du “travail distribué”
- bien être
- performance
- connectivité
- productivité
De cela, la société a sorti quelques recommandations globales pour assurer un télétravail optimal à ses équipes, que nous allons dérouler ensemble.
D’ailleurs, la société a été une des gagnantes de la crise. Non seulement ses performances en tant qu’entreprise ont été sauvées, mais cette crise a aussi donné un coup d’accélérateur à son produit Google Meet, sur le secteur de la visioconférence.
1. Les réunions d’équipe comme priorité.
En télétravail, on a tendance à beaucoup communiquer à l’écrit, notamment avec les applications de messagerie instantanée. C’est pratique, rapide et efficace. Cependant, on perd beaucoup de la communication, que ce soit le ton qui peut être mal interprété ou l’expression du visage qui va avec.
Ainsi, les réunions en visioconférence seront les seuls moments où vous allez pouvoir vous rapprocher d’un contact plus humain et lier des relations avec vos collègues. Ces interactions sont très importantes et doivent être programmées et sauvegardées quoi qu’il arrive, même si il n’y a rien d’urgent.
Avec ces échanges, vous serez ainsi socialement présents les uns pour les autres, et vous pourrez en savoir plus sur l’état émotionnel de vos collègues.
Pour finir, veillez à trouver le juste-milieu : trop de réunions seront perçues comme dérangeantes car cela va empêcher aux équipes de réaliser leur travail.
2. Montrez un intérêt les uns pour les autres.
Pendant ces temps de réunions, il est nécessaire d’avoir des échanges qui n’ont rien à voir avec le travail. Une bonne pratique est de prévoir des échanges sur les temps des repas, petits déjeuners ou déjeuners.
Dans le même sens prévoyez quelques minutes pour ces “soft talks” et faites bien attention à poser des questions ouvertes. Plutôt que « Comment s’est passé votre week-end ?” Essayez plutôt de demander « Qu’avez-vous fait ce week-end ?”.
3. Soyez présents.
Comme l’écoute active, être présent en ligne s’apprend et nécessite de faire des efforts. Car lorsqu’on est en ligne, on perd tous les signaux de l’engagement naturels, par exemple dans une conversation. C’est particulièrement le cas quand il y a une tentation d’occuper ses yeux à autre chose. Pour pallier à cela,quelques recommandations peuvent aider :
- toujours garder sa caméra allumée, pour que les autres puissent vous voir (micro éteint), et prévenir lorsque vous devez sortir du champs.
- donner des indices verbaux et non verbaux de votre présence (hochement de tête , “Oui bonne idée” etc..)
- En gardant un contact visuel avec la caméra, pour que, comme dans une vraie discussion, chacun se sente regardé.
4. Signalez vous.
Alors attention, cela ne doit pas virer au harcèlement ! Mais il est important de signaler votre présence au travail à tous vos collaborateurs. Le matin, ou quand vous arrivez au travail, dites bonjour sur le groupe commun ou partagez une image, un article qui vous paraît intéressant.
Dans le même sens, vous pouvez démocratiser la pause café virtuelle, comme vous le feriez au bureau. Cela vous donnera une autre occasion de parler de votre journée, de vos projets pour le week-end ou de toute autre chose.
5. Soyez reconnaissant.
Quand on est à distance, on perd ses réflexes naturels, et il n’est pas toujours évident de dire “merci”,”bien joué” ou “bon travail” alors que ce sont les fondements d’une relation saine.
Alors la prochaine fois, pensez bien à féliciter, remercier ou partager vos pensées avec vos collègues. Vous pouvez le faire de manière écrite ou garder ce moment pour vos points de visioconférences.
6. Invitez vos collègues à participer.
Nous ne sommes pas tous fait pour prendre la parole en public, et la discrimination devient encore plus forte en ligne. Car si la prise de parole en elle-même peut être facilité car moins intimidante, il est aussi beaucoup plus facile de se faire oublier.
Pour cela, il n’y a pas de secret, pendant les réunions il faut directement demander une contribution à chacun des membres de l’équipes. D’ailleurs assez naturellement pendant une réunion visio on a les mêmes réflexes qu’en présentiel quand on veut prendre la parole.
Encore une fois, restez à l’affût de votre écran, et n’hésitez pas à donner la parole à tout le monde.
7. Établissez des attentes communes pour l’équipe.
Les attentes des uns envers les autres sont le plus souvent supposées, et moins souvent énoncées. Cela est problématique car laisse place à la confusion. Il est donc indisensable de fixer des attentes claires sur ce qui est attendu de chacun.
Il n’est pas toujours évident de discuter de cela avec son équipes. Ainsi il faut aborder des sujets comme le temps qu’il faut pour répondre à un email. parfois les équipes n’ont pas les mêmes emplois du temps ou sont sur des fuseaux horaires différents. Cela peut créer des désalignement qu’il faut clarifier.
C’est la même chose pour les tâches à faire, qui doivent être réparties de manières très claires. Mais aussi des façons de se transmettre l’information.
Créez des rituels par exemple sur les manières et les moments de se voir, ou le moment auquel vous allez faire un point d’équipe plus stratégique.
Le plus important : tout cela doit être écrit noir sur blanc et documenté. Cela ne doit pas être des paroles en l’air, mais de nouveaux process d’entreprise.
Conclusion
La stratégie de Google s’inscrit dans une tendance plus globale qui touche tout le secteur du web : Twitter, Amazon, Apple ou Facebook ont tous pris des mesures radicales depuis la pandémie de coronavirus. Tous ces géants de la tech ont mis en place une nouvelle politique de télétravail et de vie d’entreprise. Ces entreprises proposent ainsi de redéfinir l’avenir des entreprises.